Observateur implacable de son temps, George Grosz (1893-1959) a croqué les travers de la société et de la vie politique sous la République de Weimar dans une succession de tableaux et dessins férocement satiriques. Si ces visions grotesques, imprégnées d'un réalisme quasi scientifique le rattachant a la Nouvelle Objectivité, lui ont assuré une immense renommée en France, l'artiste dandy, maître de la critique sociale et encarté au Parti communiste, s'est régulierement heurté a la justice de son pays. Apres plusieurs condamnations pour outrage aux bonnes meurs, une caricature du Christ lui vaut d'etre poursuivi pour blaspheme au cours d'un proces qui s'étalera sur quatre années. Éreinté par ces batailles judiciaires, George Grosz se réfugie en France. Le peintre a déja fréquenté la boheme parisienne par deux fois : en 1913, alors qu'il était encore étudiant et aspirait a perfectionner sa technique ; et en 1924, séjour marqué par le succes de sa premiere exposition personnelle. Cette fois, le Berlinois pose ses valises sur la Côte d'Azur, ou il se rend a trois reprises entre 1925 et 1928. Sous les lumieres du Midi, son trait et sa palette s'adoucissent, comme en témoignent les paysages et natures mortes réalisés a Cassis, dans lesquels surgissent des éléments fantastiques. Bâtisseur de ponts Je me sens plus libre ici qu'en Allemagne, confie dans sa correspondance celui qui fut l'artiste allemand le plus connu en France dans ces années troubles de l'entre-deux-guerres. Alors que la Kunsthalle de Mannheim s'apprete a célébrer le centenaire de la Nouvelle Objectivité au travers d'une grande exposition, ce documentaire déroule le parcours de l'un de ses représentants principaux, en mettant en lumiere ses liens méconnus avec l'Hexagone, ou il a trouvé un coin de paradis sur la Côte d'Azur. Émaillée d'analyses de ses euvres et d'éclairages de spécialistes, une plongée dans la carriere du provocateur George Grosz, contraint de fuir aux États-Unis face a la montée du nazisme.