Au menu de ce voyage musical sur pellicule, une plongée dans la veine hollywoodienne d'Alexandre Desplat, dont certaines suites sont interprétées pour la premiere fois en public. Le programme, choisi par le compositeur et son épouse, la directrice artistique et violoniste Dominique Lemonnier, dite Solrey, réunit : The Tree of Life, ou l'on entend l'influence de Debussy et Gershwin, The Curious Case of Benjamin Button et The Queen, en droite ligne avec les euvres du maître Bernard Herrmann, sans oublier le fructueux compagnonnage avec Wes Anderson (Fantastic Mr. Fox, The French Dispatch, The Grand Budapest Hotel et son cymbalum cosmaesque oscarisé). The Lost King permet une belle intervention de l'orgue de la Philharmonie, tandis qu'apres The Shape of Water et Little Women les pieces cauchemardesques du double opus final de la saga Harry Potter traduisent a merveille l'épique confrontation conclusive. Suivent Argo et Syriana, avec Kudsi Erguner, joueur de ney (une flute a embouchure en roseau utilisée depuis l'ere sumérienne), puis The Imitation Game et... Godzilla ! Viva Desplat ! Alexandre Desplat, le nouveau John Williams ? Le parallele semble aisé, tant l'emprise du ténor de la bande originale rappelle le triomphe des décennies hégémoniques du vieux maître sur Hollywood. Harry Potter, Jurassic World, Twilight, A la croisée des mondes... Pas une franchise n'échappe a Desplat, sans que cela l'empeche de continuer a composer pour ses fideles, de Jacques Audiard a Florent-Emilio Siri. Deux Oscars, trois César, deux Bafta Awards, deux Golden Globes, deux Grammy Awards... Les prix pleuvent, et chacun retrouve, au détour d'une mélodie, le frisson si particulier d'un film qui l'a touché. Sur la scene de la Philharmonie de Paris, on s'étonne de la candeur et du plaisir évident qu'Alexandre Desplat, créateur au sommet de sa carriere, prend a conduire son orchestre. Son grand corps calme et son masque de sphinx s'animent au gré des notes, adoptant des postures et des expressions enfantines. Il applaudit a tout rompre une note finale vaillamment tenue par un trompettiste, fait lever l'orchestre a plusieurs reprises pour recueillir les vivats du public conquis : Desplat s'amuse et sa joie est communicative.